Les publications et les communications, de par leur format propre, laissent souvent peu de place à une présentation détaillée des méthodologies employées, et rarement à une discussion des difficultés rencontrées, laissant ainsi « les méthodes » de la recherche dans l’obscurité des travaux, individuels ou d’équipe, ou formalisées dans les manuels de recherche.
La diversité des méthodes développées dans la recherche sur l’information et la communication, phénomènes mêlés et indissociables, nous a donc semblé appeler un espace de réflexion et d’échange qui permette de rendre visibles les « façons de faire » développées en recherche, et ce quels qu’en soient le champ et le cadre théorique de référence.
Ce séminaire entend par conséquent proposer un espace de dialogue et de rencontre sur les façons d’étudier les phénomènes d’information et de communication. Et puisque les méthodes constituent également un enjeu théorique, ce séminaire a aussi pour vocation d’interroger l’épistémologie de l’information et de la communication, au principe de ces enjeux.
Les méthodes de recherche s’inscrivent bien évidemment dans des communautés de recherche – voire des courants de pensée –, des espaces de socialisation, de reconnaissance et de publicisation : la méthode est aussi affaire de conventions et de langage, sinon de pouvoir.
Il ne nous appartient pas ici de valider un type de méthodes. Parler de méthodes n’a pas pour objectif d’opposer – et encore moins d’imposer – une scientificité à une autre, ni de déjouer la scientificité des travaux présentés, mais de montrer suivant quelle scientificité propre les recherches menées sur l’information et la communication se déploient.
Il demeure en effet important, pour notre champ de recherche, de savoir et de comprendre « comment les choses sont faites », de quelles façons les travaux sont menés, autant que de savoir à qui ils se réfèrent et à quoi ils aboutissent.
Il nous paraît essentiel en effet que soient exposées et discutées les façons de faire de la recherche (position du chercheur et réflexivité, mode de recueil et d’interprétation des données, collecte, entretiens, analyse de documents, observation, analyse quantitative, webométrie, analyse d’images, action et intervention, expérimentation, modélisation, etc.), dans leur diversité, que soient évoqués les inévitables biais des méthodes utilisées afin de comprendre les modalités spécifiques des recherches conduites.
Cet espace commun de réflexion sur la méthodologie de la recherche sur l’information et la communication entend donc croiser des regards et des postures méthodologiques à propos de collectes et analyse de données, médias, discours, dispositifs techniques, organisations, institutions culturelles, pratiques sociales, signes, langage, politique, actions de communication… quel que soit le champ théorique d’inscription de la recherche (sciences de l’information, socio-économie, économie politique de la communication, sociologie de la communication, étude des médias, sociologie du journalisme, analyse de discours, sémiologie et sémiotique, cultural studies, gender studies, multimédia, web sciences, sémio-pragmatique, histoire, médiologie, cognition, anthropologie, etc.).
Il nous importe en effet de discuter des méthodes de recherche et des postures épistémologiques des chercheurs face à ces questions, en vue de produire ensemble quelques éclaircissements sur la science telle qu’elle se dit et se construit, et telle que nous la pratiquons.