Arrivé depuis le 13 décembre dernier à l’Université Californienne de San Diego (UCSD), au Center for Research in Computing and the Arts (CRCA) où je travaille aux côtés de Lev Manovich, je me suis dernièrement attribué un « temps mort » de deux semaines durant lesquelles j’ai eu la chance de visiter la Californie du Sud et quelques parties du Nevada et de l’Arizona. Deux semaines pendant lesquelles je n’ai pas pu résister au fait de rendre une petite visite à Linden Lab, de provoquer mon invitation au Palo Alto Research Center (PARC) et de flâner à Stanford. Récit du lundi 25 avril.
Linden Lab
Le passage chez Linden Lab fut plus que rapide. Il faut avouer que je ne n’avais pas de requête spécifique si ce n’était de pouvoir présenter mon travail et simplement obtenir un « contact » pour d’éventuels échanges sur des questions scientifiques relatives à Second Life. Mes précédentes tentatives par mails et mes tweets n’ayant jamais abouti.
J’y suis donc allé sans réelle conviction, simplement « pour voir », m’imaginant parfaitement la tournure que cette visite allait prendre.
Arrivée directe face au « front desk » je n’ai pas eu la chance d’aller plus loin et ai donc exposé ma requête à la secrétaire. A défaut d’un chèque qui m’aurait certainement donné la clef pour la seconde marche, je lui laissai ma carte de visite ; tout le monde étant en réunion et ne pouvant, de ce fait, me recevoir…
Je ne me fais pas d’idées sur la courte vie qu’a certainement connu ce carton nominatif et sur le nombre de mains dont il aura fait l’expérience. La recherche académique n’étant pas leur priorité, je ne me suis donc pas attardé. Un autre RDV bien plus intéressant m’attendait.
Palo Alto Research Center (PARC)
La route me mena ensuite au Palo Alto Research Center (PARC). Changement de décor puisque le PARC se situe « en campagne », à 40 minutes au sud de San Francisco. La verdure tranquillisante et les arbres cachent néanmoins des dizaines de centres de recherche et de sociétés aux alentours.
J’ai eu la chance de rencontrer Nicolas (Nic) Ducheneaut le temps d’un repas que nous avons partagé avec Nick Yee.
« Nic (Nicolas, ndlr) is a Senior Member of the Research Staff in the Computing Science Lab. He uses a combination of methods (including data mining and social network analysis) to study and design systems to better support collaboration in online spaces, with a recent focus on 3D virtual worlds and massively multiplayer online games. He conducted the largest and longest (to date) study of social dynamics in World of Warcraft, collecting and analyzing data on the interactions between more than 500,000 characters over 2 years« . (PARC)
« Nick Yee has an extensive research background in the psychology of virtual environments and online interaction. He’s worked with PARC’s PlayOn group and Sony Online Entertainment to examine large data sets of behavioral data from online games. At PARC, he’s also studied how people use and react to context-aware mobile applications.
At Stanford’s Virtual Human Interaction Lab, Nick conducted experiments in immersive virtual reality to explore digital self representation and social interaction. He is also well-known for the Daedalus Project, a long-running survey study of over 50,000 online gamers exploring demographic patterns, play motivations, and emergent social phenomena. His interest in online interaction began when a personality psychology professor in college asked students to create their own webpage (this was back in 1998) as a tool to understand identity projection online« . (PARC)
Nicolas m’avait invité à passer un peu plus de temps au PARC, mais un emploi du temps chargé l’obligea à se retirer plus rapidement que prévu. Nous avons de ce fait simplement évoqué mes travaux, la recherche académique et scientifique en France et aux Etats-Unis ainsi que quelques souvenirs de Bretagne…
La rencontre avec Nick Yee fut encore plus courte, mais ce fut une réelle satisfaction pour moi de pouvoir le rencontrer. D’autant plus que mon projet de « Magic Ring » dans Second Life recoupe de très près une précédente étude qu’il mena avec Jeremy N. Bailenson : « A Method for Longitudinal Behavioral Data Collection in Second Life«
Merci à Nicolas pour son accueil son amabilité.
Stanford University
Ma journée se termina par une visite du splendide campus de Stanford. L’université est située à seulement quelques minutes du PARC et des autres sociétés ou centres de recherches de la Silicon Valley. Cela forme une pépinière d’étudiants pour ces futurs employeurs et les flux entre universitaires et entrepreneurs s’alimentent conjointement.
La pierre blanche et les palmiers confèrent à l’université un cadre idyllique où l’on se prend rapidement à rêver de pouvoir y étudier ou travailler. En comparaison aux universités françaises, l’étendue du campus de l’Université Californienne de San Diego m’avait déjà interpellé lors de mon arrivée au mois de décembre. L’université de Stanford est encore plus surprenante par sa taille, mais surtout par son architecture rappelant celle des missions hispaniques de Californie.
En cette période de Spring Break, je ne savais plus vraiment si je visitais un campus ou un centre de vacances. L’absence de voitures, les vélos, les équipements sportifs et bien évidemment les palmiers donnent à l’ensemble une allure de « Center Parc haut de gamme« … On imagine pourtant le fourmillement quotidien qui a lieu lorsque les étudiants sont présents dans cette quasi ville.
Je n’avais jamais réellement perçu à quel point le « cadre » pouvait être motivant et captivant pour un chercheur solitaire comme je peux l’être. Habitué à travailler à domicile ou en bibliothèque, j’ai pour coutume de dire qu’une simple connexion internet, des livres et du calme me suffisent à travailler. Depuis que je suis à l’UCSD, je réalise à quel point le cadre et la vie de laboratoire peuvent influer sur la motivation quotidienne de certaines recherches menées. Je ne sous-entend pas que les universités françaises n’autorisent pas cela, simplement que je n’y ai pas eu accès ou que je n’ai pas su le saisir. Il faut néanmoins admettre que les équipements et structures ne sont que rarement comparables, tout comme les modes de financement…